Je perds ma mère, qui me remet un cahier dans lequel se trouve l'histoire de notre famille. Il est question de la Guerre d’Indochine. L’histoire de Chantal, prostituée amoureuse des hommes et de leurs déchirures, et de la petite Michelle, apparaît.
Chantal est chez elle, elle boit un thé et tricote en fumant une cigarette. Sur une table à repasser, on devine de quoi faire à manger. Des plantes par-ci par-là. Une valise. On entend des oiseaux et le son brouillé d’une radio qui capte des ondes de l’au-delà.
Où étais-tu soldat errant, tu ne l’as pas sentie tomber ta bataille maudit soit le béton de ton pays ici les forteresses ne tiennent pas debout. Ton ennemi meurt et naît à l’infini au fond de la forêt au sein des rizières au creux de la montagne il se fait serpent poisson ou rapace. Ce peuple sauvage au visage immuable et à la pensée rouge comme son fleuve. Ce peuple indomptable aux ongles noirs comme sa rivière, le voilà qu’il te fait la peau pauvre blanc d’œuf. Tu reviens d’où tu ne ressembles à rien. Regarde-toi tordu et perdant qui meurs dans la boue à te planquer derrière ces vieilles ruines tel un clochard terreux et famélique acharne-toi encore pour qui pour quoi pour trouver une porte de sortie honorable montre-leur de quoi tu es capable sous la nuit de poussière jaune et les bombes lucioles tu trembles encore au nom d’une guerre morte. Ton abri est éventré. Ta position est un cratère. Ta résistance, un désastre. C’est fini.
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